mardi 16 février 2010

Rulles Estivale dans le gosier? C'est l'été en février!

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Le tour des bières : la Rulles Estivale

Pour se remettre des deux bêtes de compétition présentées vendredi par Pierrot, j'ai envie de vous parler d'une bière beaucoup plus légère, la Rulles Estivale, véritable coup de coeur pour moi lors de notre dernier passage au Moeder Lambic Fontainas avec Fred. 'Estivale', un peu bizarre comme choix alors que la neige ne semble pas vouloir s'arrêter de tomber sur notre petit et plat pays, me direz vous! Et pourtant, elle figure bien sur la séléction de février du Moeder (aux côtés d'autres perles comme la Rulles Triple, la Hop Flower Power de De Ranke ou les Tournay blonde et noire - à noter que la Zinnebir X-Mas est toujours disponible elle aussi), donc pourquoi se priver?

Juste pour remettre dans le contexte, pour ceux qui ne la connaitraient pas encore, la brasserie artisanale de Rulles se trouve en Gaume, dans le petit village de Rulles (tiens donc?). Le brasseur, Grégory Verhelst, y a créé une belle gamme de trois bières permanentes (Blonde, Brune & Triple) et deux saisonnières (Estivale & Cuvée Meilleurs Voeux). Celle-ci devrait s'agrandir en juin puisqu'une toute nouvelle bière verra le jour à l'occasion des dix ans de la brasserie.

Rulles Estivale - Brasserie Artisanale de Rulles (5,2%)

La bière fraîchement tirée, une explosion de fragrances fraîches, fruitées et aromatiques jaillit du petit verre et laisse présager un bien agréable moment... On retrouve essentiellement un parfum fruité d'agrumes et des notes fleuries. C'est ultra-frais, printanier et on ne peut plus apétissant! Fort heureusement, le goût ne déçoit pas et suit le nez admirablement : on retrouve les agrumes, une fraîcheur désaltérante et une délicieuse amertume, franche mais pas écrasante. On a ici un bel exemple de houblonnage équilibré, entre amertume et aromatique. En la buvant, elle m'a fait repenser à l'excellente Avalanche de la brasserie écossaise Fyne Ales, dont j'avais parlé ici à l'époque.

La Rulles Estivale titrant 5,2% Alc/Vol, on peut même se faire plaisir et en reprendre... A boire quand il fait chaud sur une terrasse ou assis dans l'herbe au bord d'une rivière avec des amis. Vivement l'été.

Santé!

-Antoine

vendredi 12 février 2010

Deux monstres que tout oppose !

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Hier, en bonne compagnie, j’ai goûté quelques bières fraîchement ramenées du magasin de la brasserie De Molen en Hollande. Je dois avouer que nous sommes tombés sur deux tueries dont l’une a ouvert le bal de façon magistrale et l’autre l’a clôturé de manière grandiose.

Amarillo – De Molen (9,2%)

Trois sortes de houblon entrent dans la composition de cette bière, le Challenger, le Saaz et l’Amarillo. La particularité de cette bière est que l’Amarillo est intégré en houblonnage à cru, c'est-à-dire que ce houblon n’est pas bouilli dans le moût mais ajouté à froid à la fin du processus de fabrication de la bière, permettant ainsi d’exalter le côté aromatique du houblon, au détriment de son côté amérisant.


La robe est joliment cuivrée. Au nez : la sensation de se retrouver au dessus d’un bol de fruits fraîchement écrasés, groseille, framboise, un trait de citron … c’est à la fois floral et végétal (menthe fraîche). Ce nez est d’une incroyable fraîcheur, une explosion de fruits et de houblon frais. On y retrouve également, allié à des zestes d’agrumes, une touche d’exotisme (melon, litchi ?). Le nez est immense, on y resterait des heures … En bouche : ça démarre de façon beaucoup plus discrète avec du houblon fleuri et des fruits (agrumes et melon). Une faible amertume arrive en fin de bouche, reste sur la langue et dure longtemps. Le fond avec les levures, légèrement plus sucré en attaque, permet à la bière de mieux s’exprimer. En rétro-olfaction et dans le fond de la bouteille, beaucoup de fruits, mangue, pamplemousse rose et citron vert. L’alcool est imperceptible.
Cette bière est une merveille, surtout au nez.


Black Damnation II (Moccha Bomb) – De Molen/De Struise Brouwers (13%)

Cette bière est un Imperial Stout, apparemment déclinée en différentes versions. Celle que nous avons goûté serait la deuxième version qui est un assemblage de 50% de Black Albert, brassée par De Struise (BE), conservée avec des grains de café colombien, de 25% de Hell & Damnation, brassée par De Molen (NL), vieillie 6 mois en fût de Jack Daniel’s et de 25% de Cuvée Delphine qui ne serait autre qu’une déclinaison de la Black Albert vieillie en fût de bourbon "Four Roses".


La robe est noire, d’une opacité telle que même les projecteurs du stade de France ne pourraient passer à travers. La mousse, beige foncée, a la densité de celle de la Guinness bien qu’elle retombe plus vite. Au nez : évolution fulgurante en quelques minutes. D’abord sur la pierre/poussière de granite, on passe par un côté viandé/animal (chien mouillé, peau de sanglier), puis tabac froid, cendre, café moulu, jusqu’à obtenir un café ultra-torréfié tout juste sorti de la moka. Cela ne paraît pas très attirant mais je vous assure que c’est énorme, incroyable, invraisemblable ! Est-ce réellement une bière ? En bouche : café torréfié à outrance, marc de café, cendre, ainsi qu’une touche veloutée (une larme de lait ?). C’est MONSTRUEUX ! Avec le temps, les cendres retombent, les épices apparaissent, la bière est intense et sèche. Retour du côté cendré, apparition discrète de réglisse, d’arômes terreux (racines ?), de chocolat amer et de caramel brûlé rappelant les bonbons "Mi-cho-ko". En rétro-olfaction, café légèrement tourbé. L’alcool est imperceptible.
Cette bière est pour moi un OVNI dans le monde brassicole.

Ces deux bières s’inscrivent directement dans mes plus grands souvenirs de dégustation. Il m’en faut d’autres à tout prix !

-Pierrot

PS : Merci à mon pote Romain de m’avoir ramené ces superbes bières et merci à mon chouchou pour son nez à la "Gusto".

mercredi 3 février 2010

Un Japonais complètement débridé !

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Salut les gars, me revoilà, le cochon fou du malt ! Aujourd’hui, c’est de whisky japonais dont je vais vous parler.

Bien que les Japonais distillent du whisky depuis la fin du 19ème siècle, ce n’est qu’en 1923 que Masataka Taketsuru participera à la création de Yamazaki, la première distillerie du pays. Parti faire ses études de chimie en Ecosse en 1919, ce jeune étudiant s’intéresse à l’art de la distillation et rentre chez lui deux ans plus tard avec de nombreuses connaissances ainsi qu’une Ecossaise. Il monte en 1934 sa propre société, Dainipponkaju, qui prendra plus tard le nom de Nikka.


Ces dernières années, les Japonais ont prouvé leur talent en embouteillant des whiskies capables de rivaliser avec les plus grands Ecossais. Dernière preuve en date, un Karuizawa 1967 du feu de dieu ! Si vous êtes sages, je vous en parlerai un jour… C’est justement de Karuizawa dont je souhaite vous faire l’apologie, avec le Karuizawa 1982, titrant 56.1% et embouteillé en 2009 pour fêter les 10 ans de "The Whisky Exchange". Ce whisky a mûri dans un fût de sherry (xérès) contenant environ 500 à 600 litres. Ce fût est très certainement de premier remplissage (first fill), c'est-à-dire qu’il n’avait rien contenu d’autre que du sherry avant d’être rempli avec ce whisky. A l’ouverture de la bouteille, c’était très agressif, peu complexe, avec des notes caoutchouteuses pas très agréables. Il a fallu, comme pour beaucoup de whiskies vieillis en fûts de sherry de premier remplissage, plusieurs semaines d’aération afin que ce whisky dévoile tout son potentiel.

Karuizawa 1982/2009 - for TWE 10th Anniversary (56.1%)

Mes sensations du jour :

Au nez, caramel, vernis, bois précieux, tabac, sherry, fruits secs, le tout mêlé dans une classe incroyable. La bouche est puissante mais nullement agressive, elle attaque sur un vernis qui ne me déplait pas du tout, passe par une touche fruitée pour atterrir sur un truc que je n'ai encore jamais ressenti. L'image que la sensation me procure est très nette, de l'écorce de cacahuètes qui aurait été fumée. La finale est longue et très agréable, sur l’arachide fumée.
Ce whisky est riche, complexe, précis et d’une classe hors norme !

J’espère que nos amis japonais vont continuer longtemps à nous fournir des fûts de ce calibre. Allez, je retourne à mes bouteilles, à la prochaine.

-Pierrot

PS : J’avais ouvert le bal avec un Talisker 25yo de 2004. Sachant que l’ordre de dégustation influe beaucoup sur les sensations, certaines composantes du Karuizawa ont peut-être été mises en avant grâce à ce Talisker. Par ailleurs, la température du whisky et de la pièce était de 17°C, la perception aurait pu être bien différente à 25°C par exemple.

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