Je parlais récemment d’expérimentations dans le domaine du
brassage, je vais donc vous relater la suivante qui, un peu malgré moi, s’est
révélée fort réussie.
Afin d’imiter les tant prisés "Barrel Aged"
(vieillissement en fût) et pour simplifier vulgairement la chose, il est
pratiqué par certains amateurs, un coupage direct de la bière à l’alcool fort.
Si outre-atlantique le bourbon semble avoir la cote, tout goret que je suis, je
me devais bien d’user de quelques scotchs ! :)
Cette première tentative s’est donc opérée sur un gras stout
faiblement volté (5.5%) et bigrement gros (DF=1022). L’additif fut un jeune
sherry cask de haute volée, rien de moins que le fameux Dailuaine 98/08
embouteillé par notre ami Jean Marie Kovacs de chez Jean Boyer au titre de
60.9% pour célébrer la seconde édition de l’interplanétairement renommé plus
grand festival de whisky au monde, le Whisky In The Church qui se déroule
annuellement à La Haye. Un whisky puissant mais jamais agressif, plein de
fruits secs, vanille, caramel, épices… Le mélange fut dosé à hauteur de 2% en
volume soit une demi-bouteille pour 18l, montant ainsi le titre alcoolique de
près de 1% tout de même.
8 semaines plus tard vint le jour du face à face entre la
version nature et celle au whisky.
Quelle surprise de constater à quel point le whisky a
métamorphosé la bière, la rendant à la fois plus intense mais aussi bien plus
complexe. Il faut dire que la version nature a probablement souffert d’une
surcarbonatation en raison de l’imprécision du dosage du sucre à
l’embouteillage d’un seul flacon. La texture en prenant un coup, le rendu final
a sans doute été biaisé. Toutefois, la
comparaison fut saisissante avec cette version Dailuaine de toute beauté,
distillant son lot de café chocolaté allié à la douceur vanille/fruits
secs/épices du whisky. Très bonne expérience à renouveler !
Pour avoir réalisé plusieurs tests en mélangeant directement
au verre sur un autre stout, je conseille plutôt un alcool moelleux et gourmand
tel que ce sherry cask, un rhum tout en rondeur, un bourbon vanillé, un
irlandais souple et fruité ou un whisky de grain bien parfumé. Sont à éviter
les whiskies sherry ou tourbés trop secs qui cassent l’harmonie et rendent le
mélange facilement alcooleux.
A vous maintenant de tenter l’expérience !
-Pierrot