mardi 21 février 2012

Beer in London - Part V : Brewdog Camden

1 commentaire(s)
  
Ouvert en décembre dernier, Brewdog Camden est déjà le quatrième bar inauguré par la brasserie écossaise en un peu plus d'un an. C'est le premier a s'ouvrir à Londres et également le premier en dehors des frontières de l'Ecosse, les trois premiers se situant à Aberdeen, Edimbourg et Glasgow. Le concept reste toujours le même : les deux brasseurs de Fraserburgh dénichent un pub fermé qui leur plaît, le dépouillent jusqu'à ce qu'il ne subsiste que la carcasse (sauf si des éléments caractéristiques originaux leur plaisent) et le redécorent dans un style qualifié "d'industriel", assez moderne. On n'est clairement pas du tout dans le style 'pub traditionnel' britannique : brique nue, acier, béton, bois de récupération (certains murs semblent avoir été couverts de planches provenant d'un ancien sol de salle de gym d'école, les traces de peinture délimitant les terrains de sport encore visibles),... C'est assez proche de ce que les gars du Moeder Lambic ont réalisé à Fontainas. Le plancher, le bois sur certains murs et les briques apparentes apportent une certaine chaleur qui fait parfois défaut dans ce genre d'endroit.


Au niveau du personnel également, le bar reste assez fidèle à "l'image Brewdog" : des jeunes à l'allure très décontractée, tatouages, piercings etc... Mais ce qui est vraiment important, c'est que ce sont tous des passionnés et que ça se sent. Agréables, souriants, ils connaissent bien leurs produits et les apprécient, n'hésitant pas à conseiller le client perdu devant le choix de bières en pression et bouteilles.


Parlons-en, d'ailleurs, des bières! La première chose à mentionner est sans doute le fait qu'ici, point de 'cask ale', toutes les bières proposées au fût sont servies à la pression, comme à peu près partout en dehors des frontières britanniques. C'est un choix délibéré, les brasseurs estimant que ce mode de service est plus adapté à leurs bières, celles-ci étant plus d'inspiration américaine que de tradition britannique. C'est aussi probablement une façon pour eux de "choquer", vu l'attachement des Grands-Bretons à leur 'cask ale' et la propension de nos deux brasseurs à faire parler d'eux en raison de leurs provocations autant (si pas plus) que grâce à leurs bières. Quoi qu'il en soit, moi ça ne me choque pas, tant que c'est bon! Voici une petite liste de ce qu'on a goûté lors de nos deux passages début janvier :

MR MIYAGI WASABI STOUT (7,2%)

Un très bon stout assez dense, soyeux et apparemment aromatisé au wasabi... Personnellement je n'aurais jamais deviné si ça n'avait pas été mentionné dans le nom, mais des potes qui ont goûté ont trouvé ça trop fort et pas vraiment à leur goût. Les sots!

HOPS KILL NAZIS (7,8%)

Une double IPA au nom ridicule, assez classique pour le style. Pas mal mais sans plus.

PROTOTYPE 17.5 (4,1%)

La Trashy Blonde avec de la levure belge et des framboises. C'est pas trop mal, assez rafraîchissant, très fruité et un peu acidulé.

DOGMA (7,8%)

Celle-ci m'a déçu. Je l'ai trouvée trop douce, épicée et manquant cruellement de houblon!

Edit : Regoûtée plus tard en bouteille (achetée chez Malting Pot), j'ai complètement changé d'avis à son sujet. Elle doit juste être dégustée au bon moment, et si c'est le cas c'est en fait une excellente bière...(Disponible également en ligne chez Beer-City)

PUNK IPA (5,6%)

Leur produit phare, la Punk est vraiment délicieuse au fût! Cela dit, elle m'a paru encore meilleure au Dean Swift, un autre pub de la capitale britannique, situé non loin de Tower Bridge (mais j'en parlerai certainement plus tard).

Mais chez Brewdog, on ne sert pas que du Brewdog! Quelques bières au fût et un paquet d'autres en bouteilles proviennent des quelques brasseries qui sont dans les bonnes grâces de la brasserie écossaise. On y trouve donc une sélection de Stone, Mikkeler, Kernel, Bear Republic, Struise, ... Et pour terminer notre deuxième soirée là, nous avons choisi une bouteille de

MIKKELER BEER GEEK BACON (7,5%)

C'est une bière foncée élaborée avec du malt fumé, ce qui lui confère des arômes rappelant le lard fumé. Vraiment pas mal, un bon choix pour terminer la soirée en jouant une partie de Cluedo (il y a quelques jeux de société mis à disposition dans le bar)!

Bref, un nouveau passage obligé pour les amateurs de bière en visite à Londres. Situé dans le fameux quartier 'excentrique' de Camden Town (à deux pas de la station de métro du même nom), c'est un excellent point de chute pour se désaltérer après une visite du marché de Camden Lock. Il est même possible de manger un bout puisqu'ils proposent quelques burgers et d'excellentes pizzas 'maison'. Autre remarque importante, si vous êtes à plusieurs et que tout le monde n'est pas fan de bière (quelle idée), quelques vins, whiskies single malt et autres alcools sont également disponibles.

Santé!

-Antoine

vendredi 30 décembre 2011

Beer in London - Part IV : Craft Beer Co.

1 commentaire(s)
 
Même si la fréquence des posts a pas mal diminué ces derniers temps, je ne voulais pas attendre 2012 pour publier le 100e post de Malt In Pot! Et oui, on y est, cet article est le centième du blog, depuis sa création en avril 2009. Pour fêter ça, je vais vous parler d'un superbe pub pour 'beer geeks' à Londres, qui a ouvert ses portes en juin 2011 : le Craft Beer Co. Je sais, c'est encore une histoire de pub et de bière britannique. Et bien oui, vous l'aurez compris maintenant, j'adore les bières britanniques ainsi que les lieux dédiés à leur consommation! J'y retourne d'ailleurs pas plus tard que ce week-end et ne manquerai pas de faire un tour du côté de Leather Lane, ou se trouve le Craft Beer Co...

Dès son ouverture, et peut-être même déjà avant, le Craft Beer Co. est devenu un passage obligé pour tout amateur de bière qui se respecte de passage à Londres. Pourquoi?

16 'cask ales' (bières servies à la pompe manuelle) disponibles à tout moment, provenant d'excellentes brasseries britanniques du style de Thornbridge, Magic Rock, Fyne Ales, Dark Star...

21 bières de partout dans le monde servies au fût, dont pas mal de Mikkeler, Nogne Ø, mais aussi du lambic, de la kriek, des bières des Struise Brouwers...

Et, comme si tout ça n'était pas déjà amplement sufffisant : + de 300 bières en bouteille, également des quatre coins du globe (enfin, plus de certains coins que d'autres). On y trouve notamment les bières de The Kernel, de Cantillon, des bières US, encore des Mikkeler (dont la Black et la Texas Ranger Barrel Aged)...

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais pour moi ça justifie carrément le voyage jusque Londres! Le seul problème avec ce genre d'endroits, c'est que c'est impossible de goûter un peu de tout ;)

Niveau pratique, le pub est situé au numéro 82 de Leather Lane, à deux pas des stations de métro Chancery Lane ou Farringdon. Il comporte deux étages, avec en bas le bar, quelques tables et tabourets, ainsi qu'un peu d'espace debout; et en haut plus de places assises. Quand nous y étions passés, en juillet, il y avait autant de monde à l'extérieur qu'à l'intérieur (debout, pas de terrasse). Si vous allez y faire un tour, levez les yeux au plafond quand vous êtes au bar, le miroir est assez impressionnant.



Bon, comme le veut la tradition : bonne année ("et surtout une bonne santé hein!") 2012 à tout le monde! Pour ma part je vais fêter le passage en 2012 à Canterbury (une heure plus tard que si j'étais resté en Belgique donc, dingue hein?), dans un 'brewpub' bien sympathique : le Foundry Brewpub. Je vous en parlerai plus que probablement très bientôt!

Santé!

-Antoine

mardi 29 novembre 2011

The Kernel Brewery

6 commentaire(s)
 
Après avoir divagué, il y a trois semaines, au sujet de bières américaines dégustées à Bruxelles, je vais maintenant passer de l'autre côté de la Manche (encore une fois, me direz-vous, mais j'aime tellement cette Grande-Bretagne, ses pubs, ses bonnes bières et ses bons whiskies!) pour vous parler d'une minuscule brasserie qui fait pourtant pas mal parler d'elle dans le monde des 'beer geeks' de la planète entière : The Kernel Brewery.

Etablie en septembre 2009 au Sud-Est de Londres (tout près de Tower Bridge), cette petite brasserie est au départ l'oeuvre de Evin O' Riordain, qui travaillait comme fromager avant de se lancer dans le brassage. Evin n'avait jamais travaillé dans une autre brasserie avant de se lancer, il a simplement appris le métier chez lui, en tant que brasseur amateur! Et pourtant, il n'a pas mis bien longtemps à se créer une renommée internationale... (Comme quoi, c'est possible! Peut-être que bientôt les bières de Pierrot se disputeront le top 50 de ratebeer, qui sait?)

L'arche de chemin de fer dans laquelle se cache la brasserie
Si vous êtes de passage à Londres un samedi, je vous recommande en tout cas chaudement la visite de la brasserie. Déjà rien que pour sa situation, dans une des arches du chemin de fer dans un coin perdu du Sud de Londres (enfin, perdu... on n'est jamais qu'à 10 minutes à pied du Tower Bridge), qui est assez pittoresque. La brasserie est vraiment très petite, tout tient quasiment dans deux minuscules pièces. En plus il partage l'arche avec un fromager, ce qui réduit encore l'espace disponible. Heureusement il y a tout de même assez de place pour permettre d'installer deux pompes à bière, permettant ainsi de déguster deux de leurs bières au fût. Il faut savoir que c'est assez rare de les dénicher au fût ou au 'cask', l'essentiel de la production est mis en bouteilles de 33 et 50 cl. C'est donc en soi une autre bonne raison d'aller jusque la! Et s'il en fallait encore plus pour vous convaincre, sachez que tout l'assortiment en bouteilles est en vente à emporter, ou à déguster sur place au même titre que les bières au fût.

Parlons en d'ailleurs, de l'assortiment. Il n'y a pas à proprement parler de gamme fixe chez The Kernel, on peut juste être certain qu'il y a toujours des IPA et des Stouts/Porters fraîchement brassés disponibles. Le truc d'Evin et de ses potes, c'est en effet les pale ales amères et houblonnées (avec des houblons US/NZ) et les bières foncées qui ont fait la réputation de Londres au XIXe siècle.

Voici un petit aperçu de quelques-unes de ces bières que j'ai pu goûter :

Porter (6,8%)

Un excellent exemple de ce type de bière! Sec mais crémeux, torréfié mais pas extrêmement, on est plus sur le chocolat que sur le café. Il descend super bien, vraiment très agréable à boire.

Abbey Red Ale (4,5%)

Une très bonne ale rouge, dominée par un houblon aromatique sur les agrumes. C'est frais, léger, amer (modérément), sec et très désaltérant. Je n'y retrouve pas le côté 'belge' d'une bière d'abbaye que la levure aurait pu lui apporter, mais ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre.

Saison (7%)

Au nez, juste après l'avoir servie, j'ai vraiment eu l'impression que j'aurais affaire à une saison du style de Dupont. Après l'avoir goûtée, cependant, cette impression s'est rapidement estompée. On a pourtant bien la sensation de boire une bière belge, probablement à cause de la levure, mais plutôt du style 'triple' (genre Westmalle)... Un goût fruité, de levure belge, fort et assez écoeurant... C'est probablement la bière de The Kernel qui m'a le plus déçu.

India Pale Ale Citra (6,5%)

J'ai déjà eu l'occasion de goûter celle-ci à plusieurs reprises, et elle peut varier assez bien d'un brassin à l'autre. Les premières que j'avais dégustées, achetées début 2011, étaient de fameuses tueries; par contre les dernières en date - acquises en juillet - étaient maheureusement bien en dessous. Mais quand elle est au top, cette IPA est parmi les meilleures que j'ai bues, avec un excellent équilibre entre amertume et fruité exotique (mangue/agrumes).

India Pale Ale Black (6,9%)

Egalement une de mes préférées de chez The Kernel, une très belle Black IPA. Très fruitée et rafraîchissante, tout en étant bien sèche et torréfiée! Plus récemment, une version plus forte est sortie sous le nom de 'Double Black' (à ne pas confondre avec celle des Struise Brouwers). Pas eu l'occasion de la goûter, mais d'après ce que j'ai pu lire ça et la, ça vaut le détour...

India Pale Ale '100' Centennial (10,1%)

Cette IPA bodybuildée est le centième brassin de la brasserie, d'ou le choix du houblon entrant dans sa composition. Pour ma part, je dirais même qu'on a passé le stade des IPA et qu'on est plus dans le style des Barley Wine. En effet, l'IPA 100 est assez proche d'une Stone Old Guardian Barley Wine par exemple. Très amère, assez douce, très aromatique, résineux, elle colle au palais et est un peu lourde. C'est un peu trop extrême pour moi, pas vraiment le style que j'affectionne le plus...

London Brick - Red Rye Ale (6,1%)

Brassée en collaboration avec les autres brasseries londoniennes Dark Star et Redemption, la London Brick est pour moi la meilleure Kernel que j'ai pu goûter jusqu'ici. Des arômes d'orange sanguine, de pamplemousse, de cassis... Super fruitée, mais aussi dotée d'une belle amertume contrebalancée par une légère douceur : un équilibre parfait! Dommage qu'il n'y en ait plus... :(

Le petit magasin/bar à l'entrée de l'arche (non ce n'est pas moi le gars en short)

Bref, si tout n'est pas à se taper le cul par terre, c'est rarement mauvais et c'est souvent bon, voire même très bon! Pour savoir ce qui est disponible à la brasserie, il suffit de consulter leur site avant d'y passer. En dehors de Londres, il n'est pas encore très facile de s'en procurer, vu la taille de la brasserie. Quand je leur ai rendu visite en juillet dernier, il était question d'un déménagement dans un avenir relativement proche afin d'augmenter la capacité. D'ici là, surveillez le site de Beermerchants qui en stocke régulièrement et qui livre hors Royaume-Uni depuis quelques mois.

Cheers!


-Antoine

mardi 8 novembre 2011

Moeder Lambic VS Stone

3 commentaire(s)
 

C'est un événement assez extraordinaire qui était organisé au Moeder Lambic Fontainas le week-end du 16 au 18 septembre dernier. En effet, ce n'est pas tous les jours qu'un brasseur américain débarque dans notre petit Royaume avec dans ses bagages un bon gros paquet de fûts (et de bouteilles) afin d'envahir un café bruxellois le temps d'un week-end! Car ce n'est pas moins de 30 bières différentes qui étaient proposées, toutes au fût et ce, simultanément! Pour rendre cela possible, l'équipe du Moeder avait mis les petits plats dans les grands : rue barrée devant le café et terrasse étendue sur toute la petite place Fontainas; stands de nourriture asiatique et de saucisses britanniques (terribles!); mais surtout : 20 pompes supplémentaires afin de pouvoir accueillir les 30 bières Stone tout en continuant à proposer un large éventail de bières belges. L'espace d'un week-end, le Moeder Lambic Fontainas s'est donc retrouvé avec pas moins de 66 pompes à bière, toutes alimentées!

Je m'y suis bien évidemment rendu dès le vendredi soir, avec quelques a(l)colytes, afin de pouvoir goûter un maximum de ces bières du Nouveau Monde. Chacun commandait des bières différentes et puis on faisait tourner les verres. Ce petit système nous a permis de tester près de 25 des 30 bières disponibles, tout en restant - relativement - raisonnables... (Greg Koch, le brasseur californien, avait quant à lui choisi - fort judicieusement - de passer en revue toutes les bières à base de lambic à la carte).



Ce qui fait l'intérêt des bières Stone - leur goût puissant - peut aussi devenir 'problématique' quand on se lance comme mission d'en goûter autant en une seule 'session'. En effet, le palais est assez vite fatigué (ou 'ruiné', selon les termes de Stone) par les assauts impitoyables de la lupuline! Les premiers verres sont donc assez logiquement ceux dont on profite le mieux. Par la suite, ce sont surtout les 'bières de destruction massive' (et il y en a quelques-unes dans la gamme!) qui marquent les papilles. Heureusement pour nous, nous avions prévu le coup et démarré la dégustation par les plus 'subtiles' - Pale Ale, Levitation IPA, IPA...) avant de s'attaquer à du plus lourd (on s'est cependant très vite retrouvés dans la seconde catégorie :) !).

Les bières qui m'ont le plus marqué lors de cette sympathique soirée sont les suivantes :

Stone Ruination IPA (7,7%)

C'est la version plus 'musclée' de leur IPA. Elle porte ce joli nom car son amertume houblonnée est censée ruiner le palais dès les premières gorgées!
Son nez est d'un fruité exotique/agrumes absolument incroyable. En bouche, c'est très puissant, fruité (toujours sur les fruits exotiques) et évidemment bien amer, mais sans pour autant être aussi redoutable que ce que l'on pourrait craindre à la lecture de son nom et de son taux d'IBU (100+). L'amertume résineuse, végétale est en effet tempérée par une relative douceur - attention, ce n'est pas sucré hein, ça reste sec mais en même temps rond.
C'est vraiment une excellente bière, que j'avais déjà eu l'occasion de goûter en bouteille et qui m'avait à l'époque mis une belle claque! C'est une des mes IPA préférées, si pas vraiment ma préférée.
A noter qu'une version 'double dry hopped' existe aussi. Elle était très bien également, mais j'avais déjà le palais trop ruiné quand je l'ai goûtée, j'aurais donc du mal à décrire la différence entre les deux versions.

Stone Sublimely Self-Righteous Ale (8,7%)

On est ici dans le registre des Black IPAs, c'est-à-dire des bières foncées (très foncées, quasi noires quoi, d'où le nom!) avec en plus les caractéristiques houblonnées des IPA américaines. Le mélange s'avère assez surprenant et très réussi! C'est comme un stout, avec des notes de café torréfié, mais en même temps super fruité. L'amertume, assez puissante, vient à la fois du houblon et du malt torréfié.

Stone 15th Anniversary - Escondidian Imperial Black IPA (10,8%)

Même registre que la Self-Righteous, mais en version monstrueuse. Le taux d'alcool est boosté à près de 11%, la texture est plus épaisse, soyeuse... C'est fort, mais c'est surtout fort bon!

Il y en a plein d'autres qui valent le coup, je voulais juste pointer celles qui m'avaient le plus fait plaisir et que j'ai envie de reboire rien qu'à écrire ces lignes. Heureusement je ne suis pas reparti les mains vides : avec mon ami Grégoire nous nous sommes offerts une petite caisse de bouteilles de bières de la brasserie que nous allons très bientôt pouvoir entamer!!

Santé!

-Antoine

vendredi 16 septembre 2011

Un cochon qui brasse, c’est pas forcément dégueulasse

3 commentaire(s)
  
Bonjour à tous chers amis !

Si vous ne m’avez pas vu publier d’article depuis quelque temps, c’est que mon emploi du temps s’est quelque peu étoffé… Entre autres, je me suis essayé au brassage de la bière, comme ça, pour le fun, dans ma cuisine.
Ainsi, en début d’année, je jouais l’apprenti brasseur chez mon copain Romain. Puis il y a de ça 3 mois, je m’équipais chez mon tout récent distributeur brouwland (La Capsule) pour brasser de mes propres ailes.

Pourquoi me suis-je mis à brasser ? Tout simplement pour une chose : pouvoir disposer à tout moment de bières "fraiches" d’un style que j’affectionne tout particulièrement mais qui reste malheureusement très difficilement trouvable par chez nous : les American IPA ! Certainement mon style de bière favori, autant à déguster qu’à boire comme un goret.

Et alors, le brassage, comment ça marche ?
Tout d’abord, il ne faut pas perdre de vue quelques points cruciaux :

- Bien préparer/planifier son brassage, de sorte à ne pas avoir la surprise qu’il manque un ingrédient, un ustensile ou de ne pas savoir comment procéder pour une étape en particulier. Il convient également d’élaborer une recette en fonction du style de bière désirée.
- Avoir constamment une hygiène irréprochable, de manière à éviter toute contamination bactérienne possible.
- Etre patient, car il faut savoir attendre le temps nécessaire à l’aboutissement de chaque étapes (refroidissement, fermentation…).

Techniquement, voici le déroulement du brassage amateur à la maison :

1. Le concassage : A l’aide d’un moulin, le but est de diviser chaque grain en plusieurs fragments afin de faciliter l’extraction des sucres. Après concassage des grains, nous obtenons ce que l’on appelle la "mouture".







2. L’empâtage : Cette étape a pour but d’extraire les sucres contenus dans les grains concassés. Pour cela, nous réalisons une infusion. Pour des raisons de simplicité et parce que cela fonctionne très bien, nous nous contenterons d’une infusion monopalier (méthode anglaise) à une température donnée (65 à 68°C) pendant un temps donné (60 à 90 min). Le mélange de l’eau chaude et de la mouture est appelé la "maîche".

3. La filtration (avec recirculation) : Bien souvent, les cuves d’empâtage sont munies d’une vanne et d’un système de filtration (faux-fond, tresse, manifold…). Si ce n’est le cas, il faudra verser la maîche dans le système adéquat. Dans un premier temps, le moût récolté présente un aspect trouble en raison des farines qu’il contient. Il est nécessaire de le réinjecter délicatement sur le gâteau de drêches (filtre naturel) fraichement formé, jusqu’à ce qu’il devienne suffisamment limpide à votre goût. Une fois tout le moût vidé de la cuve, il faut fermer la vanne pour passer à l’étape suivante.

4. Le rinçage : Il a pour but d’augmenter le rendement en récupérant le plus de sucres possibles encore contenus dans les drêches. Deux méthodes existent, le rinçage continu (fly sparge) et le rinçage "pas continu" (batch sparge). A vous de tester et de choisir, mais pour l’instant, je pratique le batch sparge. Une fois l’eau de rinçage chauffée aux alentours de 78°C (attention à pas dépasser 80°C), versez-la en intégralité sur les drêches et laissez reposer 10 à 15 minutes. Il vous faudra ensuite procéder exactement de la même manière que pour la filtration avec recirculation.

5. L’ébullition : Avant toute chose, il est à préciser que l’ébullition est l’étape pendant laquelle est traditionnellement ajouté le houblon. Mais sachez qu’il peut aussi être incorporé au cours d’autres étapes du brassage comme l’empâtage (Mash Hopping), la filtration (First Wort Hopping), le refroidissement (Hop Back), la garde en cuve (Dry Hopping)… en gros, n’importe quand ! ;) Le second rôle de cette ébullition va être d’éliminer par évaporation tous les composés indésirables ayant pu se former au cours des étapes précédentes tel que le DMS (sulfure de diméthyle), ainsi que d’obtenir ce que l’on appelle la "cassure à chaud" (précipité de protéines). Pour cette étape, il suffit de porter le moût à ébullition pendant au moins 60 minutes.

6. Le whirlpool : Il est facultatif dans un premier temps si votre cuve d’ébullition ne dispose pas de vanne. Son principe est de débarrasser le moût de la cassure à chaud et de divers résidus provenant du houblon. Pour cela, le moût est mis en mouvement dans la cuve grâce au fourquet de façon à créer un tourbillon, puis laissé au repos environ 20 minutes. Ainsi, par force centripète, les résidus solides vont s’agglomérer au fond de la cuve. Il ne restera plus qu’à la vider en prenant soin de ne pas transvaser le fond.

7. Le refroidissement : Il doit être le plus rapide possible afin d’éviter l’apparition de composés tel que le DMS, mais aussi pour obtenir une bonne cassure à froid (précipité de protéines) qui joue un rôle dans la limpidité de la bière. Dans le cas des fermentations hautes, la température finale doit être comprise entre 18 et 25°C. En cas de température trop basse, l’activité serait ralentie et si la température était trop élevée, les levures risqueraient de ne pas résister. Pour cette étape, il existe différents procédés tels que le bain-marie (mélange eau/glace), le serpentin, l’échangeur à plaques ou à contre-courant…

8. La fermentation : Le principe est de transformer les sucres contenus dans le moût en alcool et en CO2 à l’aide de levures. Pour cela, il suffit d’ajouter au moût la dose adéquate de levures et de les laisser travailler pendant une semaine dans un fermenteur. A l’issue de cette première fermentation, il est conseillé de transvaser délicatement la bière dans un autre fermenteur, en prenant soin de laisser le fond de levures mortes, cassure à froid et autres résidus. Patientez ensuite au minimum 2 semaines en fermentation secondaire afin que la bière s’affine et que les sucres fermentescibles susceptibles d’avoir échappé à la primaire se soient transformés intégralement.


9. Le conditionnement : Une fois la fermentation achevée, il est temps d’embouteiller. Inutile de rappeler que comme chaque chose en contact avec le moût après ébullition, tout doit être impeccablement nettoyé et désinfecté ! A ce stade, la bière est plate. Nous allons donc devoir ajouter une faible quantité de sucre afin d’assurer la refermentation nécessaire à la prise de mousse en bouteille. Pour cela, la dose communément admise est de l’ordre de 7g/l. Faites bouillir le sucre dans un fond de votre bière et incorporez-le au reste du brassin, remuez et embouteillez.

10. La dégustation : Après un minimum de 2 semaines de garde à température ambiante, votre bière devrait être convenablement carbonatée, à vous de goûter ! Si elle est bonne, il y a de grandes chances que j’y sois pour quelque chose. En revanche, si elle est atroce, je n’y suis absolument pour rien ! ;)

Afin de ne pas terminer avec un article ennuyeusement long, je n’ai malheureusement pas pu vous décrire la manière de procéder dans de plus amples détails, ni de vous expliquer le pourquoi du comment de chaque étape. Pour ceci, je ne peux que vous recommander la lecture du livre de J. Palmer, "How To Brew", certes en anglais mais très abordable.
Par ailleurs, je tiens tout particulièrement à remercier, en plus de mes amis qui m’ont aidé à me lancer dans le brassage, tous les membres du forum "brassage amateur" qui sont de très bons conseils en plus d’être fort sympathiques.

En conclusion, je voudrais insister sur le fait que brasser soi-même de la bière de bonne qualité en petite quantité est loin d’être insurmontable. Grâce à une bonne préparation, de la rigueur et en comprenant un minimum ce que l’on fait, il est facile d’arriver à ses fins. Donc si vous être réellement motivés, n’hésitez pas et lancez-vous !

- Pierrot

PS : Antoine, à toi de jouer !!! ;)

Auteurs à succès