lundi 23 mai 2011

Les vieux malts sont-ils synonymes de "whiskies d’exception" ?

0 commentaire(s)
 
Bien souvent les gens semblent penser que plus un whisky est vieux, plus il sera bon. A ceux-ci, je dis : "Détrompez-vous !"
Si vous imaginez qu’en achetant un 40 ans d’âge à prix d’or, il sera systématiquement meilleur qu’un 10 ans d’âge à prix raisonnable, alors vous faites fausse route.
Entre les vieux whiskies trop éteints (puissance aromatique faible), ceux à l’astringence boisée trop prononcée ou ceux qui manquent de maturité, même après plusieurs dizaines d’années de vieillissement, les surprises sont parfois consternantes.
Savoir distiller est une chose mais savoir sélectionner ses fûts et contrôler leur maturation dans les chais en est une autre. Et lorsque le whisky est destiné a cohabité avec le bois durant 30 à 40 ans, je vous assure que la part "qualité du fût/maturation" prend amplement le pas sur celle de la distillation.
A l’inverse, il arrive que l’alchimie qui nait de l’interaction entre le distillat, le fût et le climat des chais réussisse à engendrer de vraies merveilles en très peu de temps. Et quand ils sont sans défaut et qu’ils connaissent une maturité suffisamment importante, les jeunes whiskies ont l’avantage de présenter une puissance aromatique et une précision remarquables.
Ce phénomène se présente plus facilement sur les whiskies tourbés (la tourbe masquerait-elle plus facilement les imperfections de la jeunesse ?), comme de jeunes Laphroaig ou Port Charlotte d’à peine 5 ou 6 ans, mais parfois également sur des non-tourbés, tel ce Tamdhu récemment goûté à l’aveugle.


Tamdhu 2004 (6yo) The Ultimate - 60,2%

Le nez dévoile un malt très gourmand et puissant. Nous avons là une superbe alliance rhum/raisin/caramel agrémentée d’une bonne dose d’épices. Ce nez évoque très fortement la crème brûlée et le caramel au beurre.
En bouche, l’attaque est puissante et immédiatement sur le caramel puis revient sur cet arôme de crème brûlée.
La finale est longue et puissante.

Un whisky très gourmand, puissant mais jamais agressif.


Tout ça pour dire qu’il faut se méfier des préjugés et que ni l’âge, ni le coût ne peut déterminer à l’avance de la grandeur d’un malt.

-Pierrot

jeudi 5 mai 2011

Beer in London - Part II : The White Horse

6 commentaire(s)
 
Pour une fois, on ne pourra pas dire que je commence toujours des 'séries' qui s'arrêtent après un article, car voici enfin la deuxième partie de 'Beer in London', les pubs à ne pas manquer dans la capitale britannique!

The White Horse
 
J'avais d'abord pensé le garder pour plus tard, mais finalement je me suis dit qu'il valait mieux en parler maintenant, puisqu'il s'agit véritablement d'une institution, un pub à visiter absolument, en tout cas un vrai coup de coeur pour moi (et pour mon éminent collègue Pierrot également d'ailleurs).

Le "Cheval Blanc" est un grand pub situé sur Parson's Green, une jolie place idéalement située juste à côté d'un arrêt de métro. Extérieur comme intérieur, l'endroit a su préserver une atmosphère de grandeur, d'élégance et de traditionnalisme. L'imposant bar central en bois recèle quant à lui quelques trésors! En faisant le tour des pompes, on constate rapidement que le côté 'traditionnel' et ancien du pub ne s'applique pas forcément aux bières qui y sont proposées... C'est ainsi qu'à côté des classiques pompes manuelles d'outre-manche, si chères aux défenseurs de la cask ale britannique de la CAMRA, on retrouve aussi d'excellentes bières à la pression. Il est donc possible de déguster, à côté d'une excellente sélection de 'real ales' britanniques, des bières américaines, australiennes et même belges, servies à la pression. A côté de ça, la carte renferme également un bel assortiment de bières en bouteille, dont pas mal de belges d'ailleurs.

C'est ainsi que j'ai notamment pu déguster deux superbes bières des Etats-Unis : la Yéti Imperial Stout, de Great Divide (Colorado) et la Sierra Nevada Bigfoot Barley Wine, de Sierra Nevada (Californie). Yeti, Bigfoot, deux grandes créatures légendaires et deux énormes bières grosses comme deux claques. La première, un imperial stout, est une bière fonceé, titrant 9,5% d'alcool. C'est dense, épais, riche! On pense à du café, à du chocolat, c'est doux mais pas sirupeux, c'est bon et ça se savoure par petites gorgées! La deuxième est aussi une bière à déguster calmement : un 'barley wine'de 9,5% au goût extrêmement puissant, bien amer mais aussi très doux, aux arômes houblonnés intenses...



A côté de la bière, l'endroit est aussi à conseiller pour le menu. Mon magret de canard, 'jus' au vin et gratin dauphinois était très bon, mais la carte recèle d'autres plats tout aussi alléchants, et les beaux jours le pub est réputé pour son menu spécial barbecue (burgers, ...).

Bref, un incontournable si vous êtes de passage à Londres! Il peut paraître un peu éloigné du centre, mais le trajet en 'tube' n'est pas si long et le déplacement en vaut largement la peine.

The White Horse
1-3 Parson's Green
London SW6 4UL
Tel: +44 (0)20 7736 2115
http://www.whitehorsesw6.com
info@whitehorsesw6.com

Cheers!

-Antoine

lundi 11 avril 2011

Thirsty piggy cherche caviste

2 commentaire(s)

Il y a un mois, je poussais le coup de gueule envers le monde du brassage français mais cela aurait très bien pu être au sujet des cavistes français. Car plus que le brasseur, le caviste français est très souvent à la ramasse complète… Combien de fois ai-je pu entendre des : "Vous avez dit bières US ? Hein !? Mais ils ne boivent que de la pisse aux USA !", ou "Tiens, les italiens font de la bière maintenant ?". Ce genre de remarques reflète parfaitement le niveau lamentable de culture brassicole de nos cavistes.


Enfin, nous avons depuis peu, notre lot de sauveurs ! Ils sont rares à la surface de l’hexagone mais bien présents, et j’ai la chance d'en avoir un à 10 minutes à pied de chez moi. Cet homme n’est autre que le petit gros, cheveux longs et blonds, répondant au nom de Cédric Lemarquis, gérant de la cave à bière "La Capsule" ouverte depuis un peu plus d’un an sur Nancy. Cédric a bien évidemment démarré son affaire avec une solide sélection de bières belges (Rochefort, De Ranke, Rulles, Cantillon…) car il était nécessaire de taper dans le "tout-venant" financièrement et gustativement abordable afin de créer sa clientèle. Puis au fur et à mesure, il a commencé à introduire quelques nouveautés. Tout d’abord françaises, allemandes et anglaises puis, progressivement, il est passé à des bières un peu plus rares et au caractère plus affirmé (Agent Provocateur, Black Albert…). Tout dernièrement, La Capsule a commencé à proposer un très bon choix de bières étrangères et peu évidentes à se procurer en France (De Struise, Dieu du ciel, Brewdog, BFM…). Cédric a également démarré la vente de matériel de brassage amateur.


Le pire c’est que, contrairement à ce que certaines personnes voudraient nous faire croire, ces bières aux prix plus élevés en raison de leur importation et des matières premières plus onéreuses nécessaires à leur conception, ne refroidissent pas spécialement les clients qui, à force de monter en gamme, se rendent bien compte du potentiel de toutes ces petites merveilles. Moralité : le consommateur est prêt. A vous, brasseurs et cavistes, de lancer la machine !

-Pierrot

PS : La question qui reste à se poser est : A quand l'importation de bières étrangères dignes de ce nom !? Car il n'y a pas vraiment d'importateur en France...

vendredi 11 mars 2011

Zythos Bier Festival 2011

6 commentaire(s)
 
Le week-end dernier, c'était le Zythos Bier Festival. Visiblement la salle avait été prise d'assaut le samedi, c'est donc fort heureusement le dimanche que notre petit groupe avait décidé de se rendre à Sint-Niklaas. Du monde, il y en avait toujours, mais c'était fort gérable, et on a passé une excellente journée à tourner dans la stadsfeestzaal en quête de découvertes brassicoles.

Parlons-en, d'ailleurs, de ces bières. Après tout, c'est quand même pour ça qu'on est la! Les quelques tours de la salle effectués à quatre nous ont permis de goûter pas mal de trucs, certains intéressants, d'autres moins. Au rayon des bonnes découvertes de l'édition 2011 figurent entre autres les bières suivantes :

-la MixHop de la brasserie Saint-Monon, une toute nouvelle bière qui tranche avec la production habituelle de la brasserie par son houblonnage! Une bière blonde titrant 6,5%, relativement amère mais avec une légère douceur qui équilibre pas mal l'ensemble. Très rafraîchissante et vraiment une belle réussite! J'ai pu dénicher quelques bouteilles au 'Biershop' du festival, ce qui me permettra de la regoûter et de comparer la version fût à la version bouteille.

-la Fumette de la brasserie Millevertus, une ambrée de 6,5% elle aussi, élaborée avec une partie de malt fumé, à la façon d'une rauchbier allemande. Ceci lui confère un nez et une saveur très particulièrs de jambon fumé! On aime ou on n'aime pas, pour ma part je dois dire que j'ai trouvé ça assez agréable.

-l'Embrasse Oak Aged Single Cask Peated Malt de De Dochter van de Koorenaar, un nom à rallonge qui signifie en résumé que cette bière est passée dans un fût de whisky tourbé. Il s'agit d'une bière foncée titrant 9%, avec un goût très puissant en grande partie dû au séjour dans le tonneau. Réglisse, fumée, goût 'médicinal'... On est dans le même ordre d'idées que la Black Islay de Mikkeler, en nettement moins puissant évidemment. C'est fort bon mais un petit verre suffit amplement, ça tape sur la tête et sur le palais! 

-on peut aussi mentionner le stand de la brasserie Smisje, qui proposait deux versions de la même bière, sorties du même fût : la Smiske et la R-Ale. La R-Ale n'était donc pas une 'nouvelle bière' à proprement parler, mais de la Smiske houblonnée à cru 'en direct' par le biais d'un système appelé 'Hop Randall' (voir photo). Deux tuyaux partaient du fût, l'un directement relié à une pompe tandis que l'autre passait au préalable par une sorte de tube en plastique rempli de cônes de houblon entiers. Au final, on goûtait bien qu'il s'agissait de la même bière, mais le houblonnage à cru de la R-Ale lui avait ôté toute trace de rondeur et l'avait donné plus d'amertume ainsi qu'un arôme légèrement différent. A noter que Johan Brandt, le brasseur, a employé deux houblons américains différents au cours du week-end : du Cascade le samedi et du Palisade le dimanche, jour de notre visite.



-et pour finir sur les bières, quelques mots sur la concoction 2011 des Dolle Brouwers : la Verse Vis, une blonde jaune-orangé trouble (un peu comme l'année passée, finalement) brassée sans houblon, à l'étrange goût de sorbet au citron/choucroute. C'est aigre-doux, frais et très déstabilisant. Encore une brassin expérimental surprenant des 'brasseurs fous'.

 Le ZBF c'est aussi des rencontres, comme par exemple avec la très sympathique équipe 'Bierebel' avec quion échangeait nos impressions et conseils à chaque fois que nos chemins se croisaient (on tournait dans un sens et eux dans l'autre). Rencontres avec les brasseurs aussi, et tout particulièrement avec Bernard Leboucq et Yvan De Baets de la Brasserie de la Senne avec qui on a pas mal bavardé. On a même eu le privilège de goûter la toute première bière brassée à Molenbeek le 22 décembre dernier, qui portera le nom de Brussels Calling et sera brassée tous les ans à la date anniversaire! Yvan nous a en effet fait l'honneur de sortir une petite bouteille encore non-étiquetée de ce breuvage, encore un poil trop jeune selon lui. On n'en dira donc pas plus pour le moment, sauf que c'est déjà très très bon comme ça ;-) et que les amateurs d'amertume devraient apprécier! Encore merci aux deux brasseurs bruxellois, on est encore plus impatients de venir leur rendre visite dans leurs immenses locaux de la Chaussée de Gand!

L'année prochaine, le festival n'aura plus lieu dans la salle des fêtes de Saint-Nicolas puisque celle-ci devrait bientôt être rasée. Espérons que les organisateurs trouvent une chouette salle d'ici à l'année prochaine, en tout cas on sera de la partie, où que ce soit!
 Edit :  On sait maintenant que la salle retenue pour l'édition 2012 et les suivantes sera le Brabanthal, à Louvain.

Santé!

-Antoine

lundi 7 mars 2011

Front Hexagonal de Libièration (FHL)

3 commentaire(s)
 
Amis amoureux de la bière, il est grand temps de réagir !
C’est pourquoi le FHL a été créé : tenter de sortir de leur torpeur nos amis du monde brassicole français et par la même occasion le consommateur français.

Pour être brasseur il faut être passionné, et n’est pas passionné celui qui brasse pour la grande masse selon des critères de goûts standardisés. Le FHL est là pour dénoncer le grand ras-le-bol des amateurs français en matière de bière. Certes, au jour d’aujourd’hui, on estime à environ 250 le nombre de micro-brasseries de notre pays, mais combien de leurs brasseurs sont de réels connaisseurs ? Combien brassent pour plaire au plus grand nombre ?
N’oublions pas que ces brasseurs sont là pour en vivre. Certes, mais à quel prix ? Se restreindre au brassage d’une bière sans caractère juste pour ne pas trop bousculer le consommateur lambda et réussir à écouler son stock ? Je dis : NON, proposons aux buveurs de bières français des bières dignes de ce nom. Montrons-leur la richesse que peut receler ce breuvage vieux de plusieurs milliers d’années !

Ceux qui diraient que nous sommes dans le pays du vin et que d’essayer d’éduquer les français à la culture de la bière est une cause vaine auraient tort. Je pense plutôt que nous sommes dans un pays d’épicuriens et qu’il suffit de dévoiler à tous ce que peut apporter la bière. Montrer qu’elle peut tout à fait rivaliser avec le vin en termes d’accords avec toutes les cuisines du monde, mais aussi être une boisson de dégustation à part entière à l’instar du vin ou du whisky.
Aujourd’hui, la majorité des français trouveraient acceptable de payer une bouteille de vin 10€, mais inadmissible dans le cas d’une bière. Pourquoi ? Parce que nos brasseurs ne leur ont pas encore prouvé que des bières aussi bonnes existaient. Ouvrez les yeux sur le monde brassicole hors de nos frontières, je ne parle pas de la Belgique mais du Danemark, de l’Angleterre, l’Italie, la Suède, les Etats-Unis, la Norvège,… et rejoignez le FHL en brassant et consommant des bières de qualité !

Boire du bon ou mourir, telle est la devise des gorets !

-Pierrot

Auteurs à succès