lundi 18 mars 2013

Nøgne

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La semaine passée, la France s’est vu gratifiée de la visite de Kjetil Jikiun, le maître brasseur de la très réputée brasserie norvégienne Nøgne. Passant par Paris, Lyon ou encore Lille, Kjetil nous a fait l’immense plaisir d’achever son périple sur une étape nancéenne. Cette rencontre ne pouvait avoir lieu que dans un seul repère du nord-est, La Capsule à Nancy !

Donc ce jeudi  14 mars, en entrant dans la boutique, ce n’est pas un homme banal que j’ai rencontré mais un colosse avoisinant le mètre 95, d’âge mûr, à la barbe grisonnante, le sourire jusqu’aux oreilles et affublé d’un short et de chaussures de randonnée. Un short par temps de neige… ça me rappelle quelqu’un ça… :)  Ce grand bonhomme affable fut d’une accessibilité déconcertante, n’hésitant pas à répondre à de nombreuses questions tout en s’intéressant lui-même aux visiteurs. Une vraie crème comme l’on dit par chez nous, un homme qui était plus présent pour échanger que pour promouvoir ses produits.

Pour fêter l’événement, 2 bières de la maison étaient dispensées au fût, à savoir :
- Citra IPA, de couleur rouge ambré, la bière est ronde, caramélisée avec un joli fruité et une amertume très douce. Son but étant d’initier au houblon, c’est plutôt réussi même si ce n’est pas ma tasse de thé.
- Saison IPA, levure belge et houblons australiens (Galaxy/Stella), 7.5% et 40 IBU. Etant fan de saisons belges, je peux vous garantir que dans le style, celle-ci est une bombe ! Peut-être la meilleure expression qu’il m’ait été donné de goûter à ce jour ! Blonde avec une jolie mousse qui tient, le nez est très citronné avec une touche "sour ale", les levures s’expriment bien, ça donne soif ! La bouche est sèche comme attendu, rien d’acide mais bien amer et persistant en bouche. Pour illustrer, imaginez une saison Dupont, un poil plus forte, houblonnée 2 fois plus avec une touche exotique et vous obtenez cette merveille dangereusement buvable.  Du grand art !

En tout cas, ce fut un grand moment et je tiens à remercier tout le monde, Kjetil, le grand brun du Brewberry (Paris) qui fut le guide de notre norvégien préféré, et nos 2 hôtes, Cédric et François dit les  "Capsule Brothers " (of death). Merci à tous et à bientôt.





-Pierrot

PS : Pour les pauvres qui n’auront jamais eu la chance de connaître ces merveilles au fût, vous avez de la veine les petits gras, car vos cavistes révolutionnaires proposent les Nøgne en bouteille sur leur webshop ! Alors Foncez !!!
 

vendredi 8 mars 2013

Sherry Cask Whiskies

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S'il est un mariage magique à mentionner entre le new spirit et le fût, c’est bien celui du sherry cask ! Même si dans les plus grands whiskies que j’ai pu déguster à ce jour, on retrouve sans problème d’autres types de fût (bourbon & co), il faut bien admettre que les fûts ayant préalablement contenu du sherry (Xérès) permettent une maturation unique et quelquefois terriblement fantastique. J’en veux pour preuve mes trois whiskies favoris, tous trois tirés de fûts de sherry, à savoir :

-          Laphroaig 74/05 pour La Maison Du Whisky (49.7%), qui n'est ni plus ni moins que le mélange parfait entre tourbe, bois fumé et fruits exotiques. Après avoir goûté une telle merveille, on peut réellement mourir heureux !
-          Glenfarclas 68/09 cask 699 (51.2%), ici on a affaire à la plus parfaite pina colada (rhum, ananas, coco) agrémentée de confiture de framboise, de mandarine, d’une touche viandée et de que ne sais-je d’autre encore qui vous met à genoux.
-          Longmorn 72/10 de The Perfect Dram (51.3%), grandiose alliance de notes de cuir, d’épices, de bouillon de bœuf, de dattes et raisins confits et de fruits exotiques.

Tout ça pour dire que new spirit + sherry cask fonctionne, et plutôt bien ! Mais voilà, ce type de maturation d’origine historique risque de disparaître ou tout au moins de se raréfier. Je dis "historique" puisque c’est l’excessive consommation de sherry par les britanniques durant le 19ème et une partie du 20ème siècle qui a permis de fournir nombre de fûts aux distillateurs. A l’heure actuelle, la consommation a énormément chuté et les distilleries se sont davantage tournées vers d’autres types de fûts, comme ceux de bourbon.
Néanmoins, certaines d’entre elles essayent de rester dans la tradition, comme c’est le cas pour Glendronach qui sort toujours des versions récentes en sherry cask. Pour illustrer ce propos, je vais vous présenter une mise en bouteille relativement récente mais tout de même assez âgée d’un millésime phare de la distillerie :


Glendronach 39 yo 1972/2011 (49.9%, OB, Oloroso Sherry Butt, cask # 712, 466 bottles)



Avec un premier nez légèrement brut, sur un boisé puissant teinté de vernis, le bestiau s’ouvre vite sur des fragrances plus douces telles que la praline caramélisée et cette inextricable touche "Glendro 70’s" vraiment unique et reconnaissable entre mille que j’assimile au mélange complexe entre rhum vieux au citron, viande rassie et humus enrobé de fumée chocolatée. On retrouve également les épices et le cuir, le tout arrosé d’une touche vineuse (sherry) et accompagné d’une note acidulée apportant de la fraicheur à l’ensemble. Un tableau à la fois noir et sexy… bluffant !
La bouche parait un poil plus sèche mais reste magnifique, reprenant le bois, la fumée, la terre et la noisette, le tout agrémenté d’une touche fruitée à tendance exotique (passion) mais aussi plus traditionnelle avec la prune.

La finale est boisée, épicée et un poil rooty (réglisse) sans qu’aucune astringence désagréable ne vienne vous assécher le palais. Ce malt n’est que velours à siroter au coin du feu pendant les longues soirées d’hiver tout en prenant son temps, car l’aération est si bénéfique à ce type de whisky qu’il serait un crime de ne le laisser nous dévoiler tout son panache. 

A la vôtre.

-Pierrot

mardi 19 février 2013

Xtrem Hop Delhaize - Verdict

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J'avais promis de revenir sur la série des Xtrem Hop de Delhaize une fois goûtées. C'est chose faite depuis quelques semaines maintenant, voici donc mes impressions!

Citra : très fruitée, agrumes mais aussi fruits exotiques, amertume présente mais très bien intégrée et contrebalancée par le fruité. Vraiment une très bonne bière, aussi agréable a sentir qu'à goûter!

Sorachi Ace : noix de coco à plein tube! A côté de ça il y a également un goût très particulier qui me fait penser à du bois de santal. L'ensemble donne une légère impression de goût de savon, ou même d'encens... Intéressante, mais pas ma préférée.

Columbus : l'amertume est plus marquée sur celle-ci que sur les deux autres, mais reste tout à fait agréable. Citronnelle, résine, agrumes... C'est bien fruité, presque juteux. J'adore!

Au final, une très belle série de bières de style IPA! Je suis très impressionné par le fait que ce soit une chaîne de supermarchés qui nous offre ça, alors que ce type de bières est bien souvent méconnu en Belgique hormis pour une minorité de 'beer geeks'... Je dis donc bravo à Delhaize pour l'initiative et surtout qu'ils continuent sur leur lancée!


Tant qu'on est lancés sur le sujet des bières belges mettant l'accent sur les houblons, Duvel vient d'annoncer la sortie de leur 'Tripel Hop 2013'. Si c'est le Citra qui avait été choisi pour la version 2012, cette année c'est le... Sorachi Ace. Comme quoi il semble que certaines variétés aient le vent en poupe chez nous pour le moment. Verdict probablement dans le courant du mois de mars!

Santé!

-Antoine

lundi 4 février 2013

Quand le cochon court la gueuze…

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Je garde un souvenir ému de ma première visite de la brasserie Cantillon, début 2008. A l’époque, je suis en pleine découverte de ce breuvage qui nous tient tant à cœur, la bière. La visite de ces vieux locaux nous fait littéralement faire un bon dans le temps avec  cette impression de se retrouver un siècle plus tôt. La brasserie dégage une atmosphère très envoûtante qui, pour moi, trouve son apothéose dans les chais. Ces fûts empilés, cette odeur caractéristique… magique, elle vous transporte.

Fan absolu de la gueuze Bécasse, je frémissais d’impatience en attendant le moment de la dégustation. Quelle ne fut alors pas ma surprise lorsque ce liquide doré percuta mes papilles, déversant à travers mon gosier son acidité improbable. "Outch, mais qu’est-ce donc ?" fut ma première réaction…  "Ça, de la gueuze traditionnelle ? Mais c’est purement et simplement imbuvable ! ". Tout abasourdi  et un peu dépité, j’étais reparti sans même embarquer la moindre bouteille…

Pour tout vous avouer, il me faudra plus d’un an et une initiation progressive distillée par mon gros copain François, amoureux inconditionnel de fermentations spontanées, pour commencer à apprécier cette curiosité brassicole. Chose amusante, cette acidité qui m’avait d’abord repoussée, est par la suite devenue une qualité apportant beaucoup de fraicheur au produit et paradoxalement à mon premier sentiment, une buvabilité et un appel à l’affonnage frisant l’indécence.
Pour faire une analogie avec le whisky, je comparerais cette acidité rebutante à la force alcoolique dérangeante de l’uisge beatha qui au premier abord repousse bon nombre d’aventuriers (surtout dans le cas de brut de fût à plus de 55%). Puis à l’instar de l’acidité, nos palets s’affinent (et non se crament) avec l’expérience et parviennent à passer outre cette force et à déceler toutes les subtilités de ces étranges liquides.

Aujourd’hui donc, je suis un heureux homme, épanoui et capable d’apprécier une bonne gueuze ! Et grand bien m’en a pris car voilà ce que l’on peut y découvrir…

Oude Gueuze Vintage 2002 – Drie Fonteinen (6%)

Au premier nez, c’est soufré mais magnifiquement soufré avec de l’abricot sec, puis vient la compote de pomme maison. Un boisé fin et intégré à merveille entre en scène avec cet aspect caractéristique des gueuzes un peu vieillies qui est ce côté résineux/mentholé. Le fruité s’intensifie et se diversifie au fil des gorgées, un trait d’acidité venant relever le tout à merveille. Cette bière fut à mon palais de la pure dentelle, un monstre de complexité à l’équilibre proche de la perfection et à la carbonation très bien maitrisée.


On en boirait des citernes, j’adore, j’en reveux !

-Pierrot

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