Je garde un souvenir ému de ma première visite de la
brasserie Cantillon, début 2008. A l’époque, je suis en pleine découverte de ce
breuvage qui nous tient tant à cœur, la bière. La visite de ces vieux locaux
nous fait littéralement faire un bon dans le temps avec cette impression de se retrouver un siècle
plus tôt. La brasserie dégage une atmosphère très envoûtante qui, pour moi, trouve
son apothéose dans les chais. Ces fûts empilés, cette odeur caractéristique…
magique, elle vous transporte.
Fan absolu de la gueuze Bécasse, je frémissais d’impatience en
attendant le moment de la dégustation. Quelle ne fut alors pas ma surprise lorsque ce
liquide doré percuta mes papilles, déversant à travers mon gosier son acidité
improbable. "Outch, mais
qu’est-ce donc ?" fut ma
première réaction… "Ça, de la
gueuze traditionnelle ? Mais c’est purement et simplement imbuvable !
". Tout abasourdi et un peu dépité,
j’étais reparti sans même embarquer la moindre bouteille…
Pour tout vous avouer,
il me faudra plus d’un an et une initiation progressive distillée par mon gros
copain François, amoureux inconditionnel de fermentations spontanées, pour
commencer à apprécier cette curiosité brassicole. Chose amusante, cette acidité
qui m’avait d’abord repoussée, est par la suite devenue une qualité apportant
beaucoup de fraicheur au produit et paradoxalement à mon premier sentiment, une
buvabilité et un appel à l’affonnage frisant l’indécence.
Pour faire une
analogie avec le whisky, je comparerais cette acidité rebutante à la force
alcoolique dérangeante de l’uisge beatha qui au premier abord repousse bon
nombre d’aventuriers (surtout dans le cas de brut de fût à plus de 55%). Puis à
l’instar de l’acidité, nos palets s’affinent (et non se crament) avec l’expérience
et parviennent à passer outre cette force et à déceler toutes les subtilités de
ces étranges liquides.
Aujourd’hui donc,
je suis un heureux homme, épanoui et capable d’apprécier une bonne
gueuze ! Et grand bien m’en a pris car voilà ce que l’on peut y découvrir…
Oude Gueuze
Vintage 2002 – Drie Fonteinen (6%)
Au premier nez, c’est soufré mais magnifiquement soufré avec
de l’abricot sec, puis vient la compote de pomme maison. Un boisé fin et
intégré à merveille entre en scène avec cet aspect caractéristique des gueuzes
un peu vieillies qui est ce côté résineux/mentholé. Le fruité s’intensifie et
se diversifie au fil des gorgées, un trait d’acidité venant relever le tout à
merveille. Cette bière fut à mon palais de la pure dentelle, un monstre de
complexité à l’équilibre proche de la perfection et à la carbonation très bien
maitrisée.
On en boirait des citernes, j’adore, j’en reveux !
-Pierrot
Héhéhé, c'est clair que la gueuze doit d'abord se laisser apprivoiser! Mais une fois qu'on y parvient... Y a rien de meilleur! Une bonne vieille gueuze à l'apéritif, c'est la perfection même! Bon, je vais aller fouiller dans ma 'cave', je crois que j'ai encore une vieille vintage de 3 Fonteinen quelque part...
RépondreSupprimerRedoutable à l'apéritif, à l'instar d'un vin blanc ou d'un champagne, elle vous fera saliver !
RépondreSupprimerElle a aussi ma préférence par rapport aux alcools forts en tant que digestif, l'acidité aide bien à faire passer les repas les plus copieux. Et croyez-moi que question gras dans les plats, je m'y connais ! :)